Nathalie GOOSSE

Nathalie GOSSE est professeure d'éducation physique, psychomotricienne et guide nature. Elle est aussi traileuse au long cours.

Dans son dernier livre,  Courir, les sentiers intérieurs, paru chez L'Harmattan (collection Encres de Vie), elle évoque sa passion pour la course à pied et les grands paysages. Elle nous fait partager ses expériences et émotions éprouvées lors de différents trails, dont l'UTL.

 

Extrait : " La cité de Liège s'éveille sous un halo clair-obscur qui stimule intuitivement tous nos sens. Derrière cette brume, on devine une ville endimanchée. Dans des quartiers typés aux décors truculents, en passant par quelques paysages bucoliques, nous nous hasrdons dans ces endroits atypiques, virevoltant entre culture et nature. Les perspectives originales et caractéristiques se multiplient.

Du sud au nord, la Meuse s'écoule et nos pas accompagnent le murmure de ses flots lui conférant un charme pittoresque. Les reliefs marqués de collines abruptes, ornées de terre cuite ou couvertes de leur parure verte, nous réservent des surprises visuelles extraordinaires et leur inertie se déplace comme par magie.

Tandis que la citadelle nous harcèle, pour nous offrir, au sommet, une des vues les plus belles, les effluves torréfiés noous envoient leurs bouffées urbaines. Celles-ci flattent nos narines et détournent notre esprit des sentiers, pour quelques moments.

De Saint-Lambert à Simenon, nous virevoltons dans les chemins, sur le "dur" ou sur des sentes matelassées par les feuilles diaprées de l'automne. Quelques terrasses nous délassent, le temps de nous remettre les idées en place.

Des impasses secrètes ou des servitudes nous font oublier l'altitude pour quelques instants. Nous prenons alors une attitude discrète, le temps de passer. Les monuments, les sites classés, les monticules nous cataplutent quelques années en arrière. Nous en oublions le ciment qui tourmente nos flancs.

Quant au temps brumeux, il vaporise toujours nos humeurs de "fumeur de fond" et nous rend nébuleux de légèreté au milieu de nulle part.

Les alentours du parcours sont truffés, de-ci de-là, "de tours dans les détours", d'îlots de verdure ou de mosaïques de pâtures. Cette diversité nous époumone.

Le soleil perce secrètement et quelques ravitaillements sauvages apparaissent, ils agrémentent notre passage et nous leurs faisons fête en acceptant un peu d'eau "de vie".

Une manufacture particulière, où l'on brasse le malt, située entre architecture et nature, donne envie à nos gosiers asséchés de remonter la pente d'une petite brassée mais les degrés concernent uniquement le denivelé.

D'anciens charbonnages, transformés en terrils, émane un carbone au grand âge. Il nous rendent fébriles et nous leur faisons grise mine. Et voici le golf où des idées floues nous affolent. Nous cherchons les fleurs, nous évitons les trous, pardon, nous serpentons cette aberration écologique. Quel folklore!

Des riverains béats nous promettent l'arrivée au sommet à chaque tournant, ils croient, sans doute que ce sont les montées qui nous "font les pieds", nous pouvons leurs affirmer que les descentes sont plus insolentes et plus désolantes et nos orteils plus dolents.

Voilà enfin une arrivée sous l'oeil frondeur de Tchantchès, celle de tous les exploits, celle qui est la nôtre et que nous avons préméditée en action et méditée en pensée, à deux, comme à notre habitude, pour ces moments de connivence."